Dee Dee Bridgewater
Dee Dee Bridgewater n’en finit plus de se renouveler, surprenant à chaque fois un public qui en redemande, prêt à la suivre dans toutes ses excentricités, ses quêtes impossibles et ses voyages musicaux. Si la chanteuse à la voix profonde, bouleversante d’émotions et puissamment rythmique était déjà une diva du jazz, elle a, depuis quelques années, décidé d’opérer dans un nouveau registre : celui du blues, qu’elle a longtemps refusé d’explorer.
C’est sa mère qui lui avait interdit de chanter cette musique, synonyme pour elle de débauche, d’alcool et de pauvreté. Pourtant, en écoutant en cachette ces sonorités qui l’appelaient à ses racines, Dee Dee Bridgewater savait déjà que ces chansons la rendraient complètement libre.
Avec des éclats de rires grondants comme le tonnerre, un tempérament de feu et une énergie communicative en étendard, elle se lance dans un voyage autant initiatique que géographique à la recherche de ses origines. D’abord en Afrique, au Sénégal et au Mali, puis dans le sud des États-Unis, en passant du temps dans la ville de Memphis où elle a vécu ses premières années. À chaque étape, elle écoute, elle apprend, elle crée et elle s’inspire de son propre parcours pour parler de questions universelles : la quête d’identité, le déracinement, les luttes sociales.
Engagée depuis ses débuts pour les droits civiques aux USA, souvent proche du mouvement des Black Panthers et fervente admiratrice d’Angela Davis, elle raconte désormais l’histoire afro-américaine, le racisme, sa féminité mais aussi l’amour. Et elle en a à revendre ! Malgré les années, l’artiste sur scène est plus sensuelle que jamais. Elle groove, elle danse, elle ne se refuse plus rien et propage, comme toujours, un bonheur explosif et communicatif.
1971 : Dee Dee Bridgewater, la Jazzwoman La jeune Denise a grandi dans un univers dédié au jazz. Même si cela changera au cours de sa carrière, elle érige son père, trompettiste et enseignant de musique, en modèle. C’est en marchant dans ses pas qu’elle intègre en 1971 l’orchestre de Thad Jones et Mel Lewis en tant que chanteuse. Elle acquiert une expérience précieuse et sort trois ans plus tard son premier album éponyme, orienté soul et funk.
1984 : Dee Dee Bridgewater, la Parisienne Dans les années 70 et 80, elle joue dans plusieurs comédies musicales qui la mèneront à Paris, où elle décidera de s’installer. Elle restera en France pendant presque 20 ans, tombée amoureuse d’un Français. Il en sortira un album où la chanteuse s’exprime dans la langue de Molière, J’ai Deux Amours (2005).
1990 : Dee Dee Bridgewater, la Diva Les années 90 marqueront le début du succès fulgurant de celle qui deviendra une chanteuse de référence dans le monde du jazz. En interprétant Precious Things avec Ray Charles, elle atteint une reconnaissance et une consécration encore jamais connues. Un succès commercial qui ne se démentira alors plus jamais !
1999 : Dee Dee Bridgewater, l’Ambassadrice Engagée depuis ses débuts contre les inégalités sociales et le racisme qu’elle subit doublement en tant que femme noire, elle s’engage à l’international en 1999. Elle devient alors ambassadrice de bonne volonté pour l’ONU, pour l’alimentation et l’agriculture.
2017 : Dee Dee Bridgewater, Maîtresse du Blues L’année 2017 marque un tournant dans la carrière de la chanteuse. Alors qu’elle s’était toujours refusée à produire du blues, elle embrasse finalement ses racines avec l’album Memphis… Yes, I’m Ready. Un titre en forme de revendication et une libération pour l’artiste dans un style taillé pour elle. Cette année là, elle reçoit Coup de cœur Jazz et Blues 2017 de l'Académie Charles-Cros.
Portrait signé Kimberly M Wang
- Née à Memphis dans le Tennessee le 27 mai 1950.
- Son vrai nom est Denise Eileen Garrett, ce prénom en hommage à Denise Gense qu'admiraient beaucoup ses parents.
- Son père était trompettiste de jazz, tout en enseignant dans un collège.
- Elle a trois enfants : Tulani Bridgewater (avec son premier mari, Cecil Bridgewater) - China Moses (avec Gilbert Moses) et Gabriel Durand (avec son troisième mari Jean-Marie Durand).
- Elle est Chevalière de l'Ordre national du Mérite et Officière de l'Ordre des Arts et des Lettres.