Acting

Dans une cellule de prison, Robert (Nils Arestrup), un metteur en scène condamné pour meurtre, rejoint Gepetto (Kad Merad), un petit expert-comptable minable et Horace (Patrick Bosso), un tueur muet. Gepetto a toujours rêvé d’être acteur, mais il n’a aucune qualité pour l’être; Robert tente alors un pari fou et, voulant tuer l’ennui infligé par sa peine, décide de faire de lui le plus grand acteur de tous les temps. Mais la tâche est ardue: la simple lecture des deux premières phrases du monologue d’Hamlet est compliquée. Car c’est bien là tout le défi de la pièce: l’opposition entre deux hommes que tout sépare. L’un ne jure que par le théâtre classique, Shakespeare, Tchekhov ou Orson Welles, quand Gepetto ne regarde que les séries américaines ou Plus belle la vie à la télévision. Mélangeant habilement le burlesque et la tragédie, métaphore du clown blanc et de l’Auguste, hymne à la création artistique, éloge de l’acteur et des puissances de l’imaginaire, tout ici tient à la relation au jeu. Arestrup, l’ombrageux et impatient Robert, rêve de former un Kad Merad à l’alacrité enfantine aussi poignante que drôle; toutes les émotions sont ici convoquées, comme autant de portes qui s’ouvriraient vers un ailleurs. Acting, ou l’art de la direction d’acteur comme une quête initiatique.