La Porte À Côté

Elle et lui, voisins de palier. Elle, c’est Léa Drucker, psychanalyste totalement psychorigide et un brin asociale. Lui, c’est Edouard Baer, chef de produit Yoplait, gentiment branché et un peu noceur… Ces deux-là n’ont rien en commun sauf un palier et l’envie de rencontrer l’âme-soeur, ce graal du XXIe siècle que certains sites internet n’hésitent pas à vous promettre. Bien à l’abri sous des pseudos ridicules, ils traquent les 95% de compatibilité sensés les amener à l’accord parfait. Mais pendant ce temps-là, la vie, la vraie, celle qui vous oblige à traverser le palier, continue : de joutes verbales en mises en abyme, on assiste, amusé et ému, à la naissance d’un couple qui, d’improbable devient, sous nos yeux, évident. C’est du Marivaux moderne, une comédie pétillante et efficace, des situations légères et surprenantes, et surtout des personnages très bien dessinés qui promènent leur solitude et leurs convictions « so XXIe ». Les deux comédiens alternent avec brio tous les registres de l’humour, de la colère, de la pudeur ou de la séduction ; maniant l’ironie à la perfection, Edouard Baer, toujours un brin dandy, est très touchant en jeune homme désinvolte. Dans une des meilleures mises en scène de Bernard Murat (Comme s’il en pleuvait, Nina, accueillies au Colisée), esthétiquement parfaite, ces deux partenaires si bien accordés nous jouent une harmonieuse symphonie du bonheur. Dont on ressort séduit.