L’école Des Femmes

Si le ton choisi est celui de la comédie, n’escamotant rien aux scènes farcesques de la pièce, c’est, comme toujours chez le metteur en scène, pour mieux souligner la noirceur du propos, la sauvagerie du texte. Car rappelons-le, le personnage d’Arnolphe n’a-t-il pas choisi d’enfermer une enfant pour la forger à son goût ? Il séquestre depuis l’enfance une jeune fille pour en faire une femme, non pas modèle, mais soumise à ses désirs de puissance. Elle en aimera un autre. C’en est fait alors : le barbon est amoureux. C’est à son tour d’être enfermé. L’amour irradie la pièce. L’amour paradoxalement dévorant, incendiaire, absurde, du vieil Arnolphe est malgré tout magnifique. La passion naissante d’Agnès et d’Horace, pleine d’insolence et d’ingénuité est sans doute, éphémère… Agnès, sous nos yeux, s’éveille aux sensations, au sentiment, à la parole enfin qui, une fois conquise, constitue la véritable école de liberté. L’oiseau est prêt à s’envoler. L’Ecole des femmes, ou la défaite d’une tyrannie… Oui, Molière toujours, pour le défi, l’irrespect, la liberté par émancipation, qui laisse Arnolphe pantelant. « Oh ! » sera son dernier mot. Exit. Sous les rires.